La réunion de juillet du bureau politique du parti communiste chinois s'est conclue sur un constat. Les membres de cette instance présidée par Xi Jinping dirigent le parti et donc, le pays tout entier, même s’ils délèguent le quotidien à un comité permanent composé de ses membres les plus influents. Quand le politburo reconnaît « des pressions baissières qui augmentent sur l'économie », on peut prendre le diagnostic au sérieux et sans doute attendre aussi des mesures de soutien.
Ce n'est pas une surprise. Dans un environnement mondial marqué par une érosion de la croissance - le FMI a abaissé à 3,2 % son estimation du rythme cette année - la stabilisation de l'expansion chinoise n'était pas vraiment acquise. Les 6,4 % affichés au premier trimestre ne pouvaient pas forcément être considérés comme un palier de stabilisation de la conjoncture. Le ralentissement constaté en avril s'est amplifié en mai et rien ne permettait d'attendre un revirement les dernières semaines du semestre. Le solde de 6,2 % pour le deuxième trimestre est finalement la confirmation d'une tendance.
L'environnement international n'est pas seul en cause. Les soutiens directs que constituent les investissements d'infrastructures ont eu tendance à ralentir et en mai la production industrielle est revenue sur un rythme annuel de 5 %, un niveau inconnu depuis 2002. Le score des investissements en actifs immobilisés est au plus bas depuis près d'un an, celui des investissements immobiliers ralentit d'un trimestre à l'autre.
Le point positif vient cependant du côté de la consommation qui affiche une avance de plus de 8 % pour l'ensemble du premier semestre.
On connaît les contraintes et le parti les a fixées : 6 % de croissance annuelle est un minimum. Il n'y a pas que le symbole du chiffre : les impératifs liés à la démographie et au pacte social ne dictent pas un objectif de base très différent.
Les diverses mesures prises pour soutenir l'activité peinent à porter leurs fruits. Sur le plan monétaire, la Banque Populaire de Chine a choisi de procéder par paliers. Elle a encore de la marge et peut poursuivre, en particulier en desserrant le crédit par un abaissement continu des réserves obligatoires des banques qu'elle a déjà réduit à six reprises. Elle peut aussi en parallèle soutenir les financements d'infrastructures en autorisant des souscriptions d'émissions de provinces. Reste l'arme budgétaire qui est déjà assez largement utilisée, mais qui va l'être a priori encore davantage. Le déficit est d'ores et déjà bien au-delà des niveaux exigés par les tenants de la rigueur monétaire. Hervé Goulletquer de la Banque Postale Asset Management a analysé à partir des données du FMI le solde « on + off budget » à un niveau de 13 % du PIB alors que le déficit « on budget » s'établit déjà à 5 %.
Le politburo est décidé à aller plus loin , la nécessité étant reconnue de soutenir la demande interne et l'emploi, quitte à sacrifier les ambitions de deleverage de l'économie.
On note que l'évolution très moyenne de la conjoncture ne pousse pas la Chine à envisager publiquement l'arme du change : les objectifs de stabilisation des échanges extérieurs passent derrière le soutien à l'activité, consommation y compris. Dans le cadre de la guerre commerciale, la question de la devise a soigneusement été évitée. Il est vrai que l'objectif de soutenir l'investissement ne sera atteint qu'avec une visibilité meilleure donnée aux agents économiques et qu'en attendant des règles commerciales redéfinies, donner un nouveau facteur d'instabilité et de risque ne serait pas productif.
La relance budgétaire va s'imposer à un moment où l'actualité chinoise est plus politique qu'économique : le bras de fer mené par Pékin pour renforcer son emprise sur Hong Kong. Réduire les différences légales pour les citoyens et les entreprises au sein du concept « un pays, deux systèmes » est sans doute inéluctable, mais on ne voit pas le pouvoir central utiliser rapidement une méthode très brutale.
La nécessité économique devrait l'amener à renoncer pour un temps indéterminé à des réformes de structure et à la politique de désendettement qui était la sienne il y a 18 mois. Les retombées attendues d'une libéralisation de l'investissement international en Chine ne seront pas risquées par l'impérialisme central sur l'ancienne colonie britannique et ses 7 millions d'habitants.