Revue des marchés du mois de décembre 2021
Le rallye de de fin d’année a propulsé les places financières européennes et américaines à des niveaux records malgré la propagation spectaculaire du variant Omicron. Les mesures sanitaires prises par les Etats tout au long du mois de décembre n’ont pas freiné des investisseurs qui anticipent d’excellents chiffres de croissance bénéficiaire des entreprises portés par une demande toujours très dynamique. La moindre dangerosité du variant Omicron malgré sa contagiosité beaucoup plus élevée a également porté les marchés qui misent avec ce variant sur une double immunité des populations, à la fois vaccinale et infectieuse.
Le mois de décembre a été marqué par de nombreuses prises de paroles des banquiers centraux. Du côté de la Fed, Jerome Powell accélère nettement le rythme de resserrement monétaire, poussé par une inflation plus élevée qu’attendue et un marché du travail qui se rétablit. Le tapering (réduction des achats d’actifs) s’accélère, avec un arrêt des achats d’actifs dès le mois de mars afin de procéder à 3 hausses de taux directeurs en 2022. La Fed estime que l’épidémie représente un risque plus important pour l’inflation (à la hausse) que pour la croissance (à la baisse). La réduction de son bilan reste un sujet brûlant alors que sa taille atteint un niveau record de 8 700 milliards de dollars avec les achats effectués pendant la pandémie. En Europe, la BCE se montre plus prudente avec un discours rassurant pour les marchés. Christine Lagarde a annoncé qu’elle ne comptait pas augmenter les taux directeurs en 2022 mais a acté la fin du programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP) en mars, face au niveau très élevé de l’inflation et à l’amélioration de la situation économique et malgré les incertitudes liées à l’évolution de la pandémie. En parallèle, le programme régulier d’achats d’actifs (APP) passe de 20 à 40 milliards d’euros par mois au deuxième trimestre 2022 afin de limiter l’impact pour les marchés. La Bank of England a de son côté été la première grande Banque Centrale à procéder à une hausse de taux.
L’inflation aux Etats-Unis atteint des niveaux records depuis juin 1982 atteignant +6,8% en rythme annuel en novembre. L’indice hors énergie et alimentation progresse lui de +4,9% (contre +4,4% le mois précédent). Les prix de l’énergie restent élevés, avec un baril de pétrole WTI à 75,2 dollars fin décembre en hausse de +55% en 2021. En Europe, les prix à la consommation ont augmenté de +4,9% en rythme annuel en novembre et de +2,6% hors énergie et alimentation. La BCE a déclaré que le retour de l'inflation en Zone Euro à son objectif de 2%, sera plus long que prévu, reconnaissant que les risques d’inflation étaient orientés à la hausse. Ces chiffres d’inflation record n’ont toutefois pas surpris les investisseurs en ressortant en ligne avec les niveaux attendus.
Sur le plan géopolitique, les tensions entre la Russie et l’Ukraine ont alimenté l’inquiétude d’un conflit armé en Europe. Les premiers échanges entre les présidents américain et russe ont été très tendus, Joe Biden menaçant la Russie de nouvelles sanctions économiques en cas d’invasion armée. De son côté, Vladimir Poutine nie toute intention d’envahir l’Ukraine estimant agir pour garantir sa sécurité et réaffirme son opposition à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Ces échanges se sont terminés sur une note positive en fin de mois après une discussion téléphonique entre les deux présidents.
Les États membres de l’Union européenne ont finalement validé l’acte délégué de la taxonomie européenne. Cette taxonomie définit la classification à l’échelle de l’UE pour des investissements durables avec six objectifs environnementaux ou objectifs d’investissement durables. Cet acte valide l’entrée en application des critères techniques de la taxonomie à partir du 1er janvier 2022. Ce texte pose un pilier important du plan d’action européen de la finance durable, aux côtés notamment de la réglementation SFDR (Sustainable Financial Disclosure Regulation) et confirmerait la place du nucléaire et du gaz naturel dans le mix énergétique.
Les bourses européennes finissent le mois en forte hausse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis +5,8%). Les secteurs privilégiés par les investisseurs ont été le tourisme et loisirs (+12,3%), les matières premières (+7,8%) et la construction (+7,5%). Le secteur de l’immobilier, pénalisé par la remontée des taux d’intérêts, affiche la moins bonne performance sur le mois (+1,5%), suivi par les secteurs de la distribution (+2,8%) et de la technologie (+2,9%).
Le secteur automobile reste fortement impacté par les pénuries de matières premières et de composants électroniques. Le nombre d’immatriculations de véhicules neufs demeure à un niveau très bas en 2021 après une année 2020 noire. Les constructeurs espèrent que les goulots d’étranglement mondiaux vont s’atténuer en 2022 afin de retrouver le chemin de la croissance. De plus, la transformation du secteur se poursuit avec des ventes de véhicules hybrides et électriques qui représentent plus de 40% des achats de véhicules neufs en Allemagne.
Le groupe Bolloré pourrait céder sa branche logistique africaine à l’armateur italo-suisse MSC pour 5,7 milliards d’euros. Bolloré Africa Logistics possède des infrastructures dans plus de 20 pays en Afrique, notamment un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires. Cette vente pourrait accélérer le mouvement de prise de contrôle de Vivendi par le groupe Bolloré. Vivendi reste également attentif à une nouvelle offre de KKR sur Telecom Italia après avoir rejeté une première offre jugée trop basse.
Perspectives 2022
Sur les marchés de taux, la tendance restera à la hausse des taux souverains mais cette remontée devrait être progressive car les Banques Centrales ne souhaitent pas effrayer les investisseurs. Il faudra cependant surveiller leurs discours qui serviront de boussoles aux marchés financiers. Les politiques monétaires et budgétaires resteront en soutien même si celles-ci sont appelées à être de moindre ampleur.
Les spreads de crédit devraient bien se comporter notamment sur le high yield en raison des bonnes perspectives économiques et de la capacité d’adaptation démontrée par les sociétés à la pandémie. Le taux de défaut devrait rester bas, comme en témoignent les projections des agences de notation.
Par conséquent, nous privilégions les titres de maturité courte et nous sommes confiants sur les émetteurs high yield sous réserve d’une sélection rigoureuse des émetteurs. Il reste également de la valeur dans les titres subordonnés (secteur financier et corporate) avec des dates de calls à court/moyen terme. A l’inverse, les obligations de catégorie Investment Grade en euros offrent peu d’opportunités : elles ont un portage négatif sur les maturités court /moyen terme et sont sensibles à une remontée des taux souverains.
Nous sommes confiants sur les marchés actions pour l’année 2022, en raison de la robustesse de la croissance économique et des belles perspectives de croissance bénéficiaire des entreprises. Les niveaux de valorisation, loin d’être bon marché, sont justifiables dans la mesure où les taux d’intérêts ne remonteront que de manière que progressive et demeureront à des niveaux bas. Les bénéfices des entreprises, qui sont devenues plus agiles pendant cette pandémie, vont croitre à un rythme soutenu ce qui permet également de justifier la valorisation actuelle. Enfin, le rendement du dividende offert par les actions demeure attractif, notamment en comparaison des taux d’intérêts.
Nous sommes notamment positifs sur le secteur financier en raison des perspectives de hausse des taux d’intérêts qui favoriseront les banques. Nous privilégions également les sociétés disposant d’un pricing power important, leur permettant de répercuter facilement à leurs clients les hausses de coûts des intrants et ainsi de préserver leur marge. A l’inverse, nous restons à l’écart des sociétés fortement endettées à faible pricing power et/ou fortement exposées aux pays émergents.
Nous vous souhaitons une excellente année 2022, pour vous ainsi que les personnes qui vous sont chères.