Revue des marchés du mois de janvier 2022
Après un début de mois haussier, les marchés financiers se sont retournés pour finir en nette baisse en raison de l’augmentation des taux d’intérêts provoquée par une inflation plus importante et plus durable qu’anticipée qui pousse les banques centrales à accélérer le resserrement monétaire. Les tensions géopolitiques entre la Russie, les Etats-Unis et l’Europe au sujet de l’Ukraine ont également pesé sur la tendance.
Les discours des banquiers centraux, et plus particulièrement celui de Jerome Powell, ont été particulièrement suivi par les investisseurs. Le président de la Fed a confirmé l’adoption d’une politique monétaire plus restrictive face à la forte poussée de l’inflation. Ce revirement stratégique marque la fin de la Forward Guidance de la Fed : les investisseurs qui étaient, depuis de nombreuses années, informés des actions de la Fed à moyen terme sont désormais laissés dans le flou. Jerome Powell a confirmé que les achats d’actifs se termineraient début mars et qu’une première hausse de taux suivrait « bientôt », sans donner de calendrier précis alors que les marchés anticipent quatre hausses de taux en 2022. Au sujet de la pandémie, la Fed s’attend à ce que le variant Omicron n’ait qu’un effet court et limité sur l’activité. La réduction du bilan de la Fed, dont le timing est encore incertain, commencera après la première hausse de taux et se fera de manière "significative".
De son côté, la BCE adopte une posture attentiste. Selon Christine Lagarde, bien que le rythme de la reprise et de l'inflation aient été sous-estimés, la Zone Euro ne devrait toutefois pas connaître les niveaux d'inflation observés aux Etats-Unis. Selon elle, les prix de l'énergie se stabiliseront en 2022 et les problèmes d'approvisionnement s'atténueront ce qui conduira à un ralentissement de l'inflation. L’institution annonce se tenir prête à agir sur sa politique monétaire si nécessaire.
Sur le plan géopolitique, le climat entre les Etats-Unis et la Russie à propos de l’Ukraine reste très tendu, les échanges entre Joe Biden et Vladimir Poutine n’ayant pas apaisé la situation. Alors que la Russie a déployé plusieurs dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, le président russe nie toute velléité d’invasion et estime que ces manœuvres sont strictement défensives. Vladimir Poutine souhaite que l’Ukraine ne puisse faire partie de l’OTAN car cela signifierait le déploiement des forces de l’Alliance à la frontière russe. De son côté, Washington a déployé des soldats américains en Europe et montre ainsi son intention de réagir à une potentielle invasion de l’Ukraine. Les deux camps affichent l’objectif d’une désescalade, mais aussi la volonté de camper sur leurs positions. Le gazoduc Nord Stream 2, au cœur des tensions politiques, alimente la volatilité et l’envol des prix de l’énergie en Europe. Les Etats-Unis, sont opposés à sa mise en service afin de sanctionner la Russie, mais se heurtent à l’Allemagne qui dépend de manière critique des approvisionnements en gaz russe.
En Italie, la réélection de Sergio Matarrella au poste de Président et la reconduction de Mario Draghi comme Premier Ministre a soulagé les marchés qui y voient un signe de stabilité.
En Chine, après une année 2020 perturbée par les confinements, le PIB du pays a rebondi de 8,1%, dépassant largement ses propres prévisions fixées à 6%. La croissance est largement portée par l’évolution des exportations qui bondissent de 29,9% malgré les problèmes d’approvisionnement sur les chaines de production et la politique zéro-covid menée par le pays.
Les places financières européennes terminent le mois en baisse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : -2,8%), avec une rotation sectorielle très marquée. Les secteurs privilégiés par les investisseurs ont été l’énergie (+9,1%) porté par les cours du pétrole, les banques (+7,4%) et les assurances (+5,1%) qui bénéficient de la remontée des taux. Le secteur de la technologie affiche la moins bonne performance sur le mois (-12,1%) pénalisé notamment par la hausse des taux, suivie par les secteurs de l’industrie (-9,1%) et de la construction (-7,7%). Plus généralement, les valeurs à multiples de valorisation élevés ont été sanctionnées par les investisseurs qui se sont tournés vers des titres plus raisonnablement valorisés et qui peuvent bénéficier de taux d’intérêts plus élevés tels que les banques et les assurances.
Les premiers résultats annuelles des entreprises se sont révélées de bonne facture en Europe et aux Etats-Unis. En Europe, nous pouvons souligner les publications meilleures qu’attendue des sociétés opérant dans le secteur du luxe : LVMH, Richemont ou encore Tod’s. Outre-Atlantique, sur 181 sociétés du S&P500 ayant publié leurs résultats du quatrième trimestre 2021, 77% ont battu le consensus. Les chiffres d’Apple, qui affiche des revenus en hausse de 11% sur 2021, ont été favorablement accueillis par le marché.
ALD Automotive (titre présent dans nos fonds actions), filiale de la Société Générale spécialisée dans le financement de véhicules, a annoncé son intention d’acquérir LeasePlan pour un montant total de 4,9 milliards d’euros. L’opération devrait être finalisée avant la fin de l’année et permettra de dégager d’importantes synergies. La Société Générale restera actionnaire du nouvel ensemble avec 53% du capital.
EDF (titre absent de nos gestions actions) a pâti de la décision du gouvernement français de lui faire supporter une partie de la hausse de la facture énergétique afin d’épargner le pouvoir d’achat des ménages. L’entreprise publique verra ainsi son EBITDA amputé de 8 milliards d’euros, ce qui a provoqué un plongeon du titre en bourse (-17,8% sur le mois).