Revue des marchés du mois de mai 2022
Le mois de mai, a été marqué par un niveau de volatilité particulièrement élevé sur les marchés financiers européens. Après des premières séances en baisse significative, les investisseurs ont retrouvé de l’appétit pour le risque, en raison notamment de l’amélioration du contexte sanitaire en Chine en fin de mois, permettant aux places financières européennes de terminer en territoire positif (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : +0,9%). Le conflit en Ukraine qui s’installe dans la durée continue d’alimenter l’inflation des matières premières. Moscou, qui contrôle désormais une large partie des côtes ukrainiennes, empêche les exportations de blé du pays en bloquant le port d’Odessa, au risque de déclencher une crise alimentaire mondiale avec une envolée du prix des denrées alimentaires.
Dans ce contexte, la Fed a poursuivi le resserrement de sa politique monétaire en relevant, ses taux directeurs de 50 points de base au début du mois. Cette hause de taux est la plus forte décidée par l’institution depuis 22 ans, ramenant les taux Fed funds dans la fourchette de 0,75% / 1,00% en ligne avec les attentes du consensus. Des hausses de 50 points de base lors des deux prochaines réunions sont désormais considérées « appropriées » par l’institution. Jerome Powell, qui a été reconduit à la tête de la Fed pour un second mandat, a également détaillé un plan de réduction de la taille du bilan de l’institution. Sur les mois de juin, juillet et août, la réduction du portefeuille obligataire sera de l’ordre de 47,5 milliards de dollars par mois. Par la suite, l’objectif est de porter la réduction mensuelle du bilan à 95 milliards de dollars par mois soit 60 milliards de dollars sur les titres d'Etats américains et 35 milliards de dollars sur les MBS (Mortgage Backed Securities). Le banquier central prévient qu’un retour de l’inflation à 2% ne se fera pas « sans douleur » pour l’économie américaine, tout en conservant l’objectif de maintenir un marché de l’emploi solide et d’éviter une récession. La publication des chiffres de l’emploi américain reste solide en mai avec des créations d’emploi au-dessus des attentes et un taux de chômage stable à 3,6%. L’impact des mesures monétaires sur l’inflation reste toutefois difficile à quantifier alors que de très nombreux facteurs exogènes continuent de soutenir les prix. En effet, le prix de l'énergie ou des matières premières agricoles sont toujours soumis pour une large part aux développements de la guerre en Ukraine.
Du côté de la BCE, Christine Lagarde s’est montrée plus agressive sur la conduite de la politique monétaire de l’institution. Pour la première fois la banquière centrale évoque un probable sortie des taux négatifs avant la fin du troisième trimestre. Concernant la fin du programme d’achats d’actifs APP, celle-ci pourrait intervenir dès le début du troisième trimestre ce qui ouvre la voie à un premier relèvement de taux au cours de la réunion de juillet (confirmé lors de la réunion du 9 juin). L'étape suivante de la normalisation de la politique monétaire de la BCE dépendra de l'évolution de ses perspectives d'inflation à moyen terme. Selon Madame Lagarde, au-delà des chocs économiques de court terme, la Zone Euro devrait faire face à une inflation structurellement plus élevée. Les questions climatiques, la réorganisation des chaînes de production ou la raréfaction de la main-d’œuvre sont autant de facteurs qui devraient générer des hausses de prix plus importantes.
Le pétrole est resté l’un des principal sujet d’attention du mois de mai. La Commission Européenne s’est finalement prononcée sur un embargo sur la production russe. Malgré les réticences de la Hongrie, il a été décidé que les européens se passeront, d’ici à la fin de l’année, de 90% du pétrole qu’ils achètent à la Russie. L’envolée des cours à plus de 120 dollars le baril est l’un des principaux éléments qui ont conduit la Commission Européenne à drastiquement réduire ses prévisions de croissance pour l’économie européenne. Bruxelles a abaissé de 1,3 point sa prévision de croissance du PIB pour la zone euro en 2022, à 2,7%, et augmenté de 3,5 points sa prévision d'inflation, à 6,1%, par rapport aux derniers chiffres annoncés le 10 février, avant le déclenchement de l'offensive russe. Ce risque pour la croissance inquiète également outre-Atlantique où les réserves stratégiques de pétrole sont au plus bas depuis 21 ans. Les nombreux appels de Joe Biden au cartel de l’OPEP à augmenter sa production ont finalement été entendus le 2 juin avec la décision de produire 648 000 barils supplémentaires par jour au mois de juillet.
Les places financières européennes terminent le mois en hausse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : +0,9%), avec d’importantes disparité de performances entre les secteurs. Les secteurs privilégiés par les investisseurs ont été le secteur du pétrole et du gaz (+9,4%) qui continue de profiter de l’envolée du cours du baril de pétrole, le secteur bancaire (+5,9%) soutenu par la remontée des taux d’intérêts et le secteur automobile (+4,8%) qui bénéficie d’une amélioration sur le front de la pénurie de semi-conducteurs. Le secteur des médias (-6,3%) enregistre la moins bonne performance sur le mois, suivi par le secteur de l’agroalimentaire (-6,3%) et par le secteur immobilier (-4,9%). Les fortes tensions sur les coûts des matières premières, du transport et de l’énergie continuent d’alimenter la volatilité et, par conséquent, de fortes variations sectorielles.
Du côté des entreprises, la situation de certains acteurs de l’énergie est préoccupante. EDF a annoncé la dégradation de sa prévision de production nucléaire en France et de son EBITDA pour 2022. Le groupe indique poursuivre les contrôles sur la corrosion des réacteurs nucléaires dont 12 sont actuellement à l’arrêt et préparer les réparations nécessaires. Outre-Rhin, le groupe allemand Siemens Energy a annoncé vouloir racheter la totalité des actions de sa filiale Siemens Gamesa, spécialiste de l’éolien, dont la situation financière se détériore dangereusement. En Chine, face au regain de l’épidémie de Covid, une grande partie de la population de Shanghaï est restée sous confinement. L’application stricte de la stratégie « zéro-covid » pèse sur la consommation chinoise et ralentit les ventes de produits de luxe des maisons européennes telles que Kering (Gucci), Hermès et LVMH.