Revue des marchés du mois d'Août 2022
Le mois d’août a été marqué par un retour de l’aversion au risque des investisseurs, inquiets à la fois des conséquences d’une inflation très élevée et persistante ainsi que d’un environnement macroéconomique qui se dégrade nettement. En Europe, la crise énergétique est de plus en plus préoccupante, laissant craindre une contraction marquée des économies. Les places financières mondiales rendent ainsi une grande partie des gains engrangés au mois de juillet.
Le symposium annuel de Jackson Hole qui s’est tenu fin août a particulièrement retenu l’attention des investisseurs. Jerome Powell, le président de la Fed, a lourdement insisté sur la volonté de l’institution de poursuivre le durcissement monétaire aussi longtemps que nécessaire. Il est désormais clair pour le banquier central que la poursuite de cette politique restrictive conduira à un ralentissement de la croissance qui sera douloureux pour les entreprises et pour les ménages. En renvoyant à la situation vécue dans les années 70, Jerome Powell a insisté sur la nécessité de conserver durablement des taux directeurs élevés pour lutter contre les pressions inflationnistes. Une troisième hausse consécutive des taux de 0,75% en septembre parait désormais inévitable.
Du côté de la BCE, François Villeroy de Galhau et Isabelle Schnabel plaident également pour une politique monétaire plus restrictive. Selon eux, il est nécessaire de poursuivre le relèvement des taux directeurs initié en juillet pour lutter contre l’inflation. Les perspectives annoncées sont particulièrement inquiétantes avec une baisse de la croissance et une hausse du chômage nécessaire à la stabilisation des prix. Une hausse de 75 points de base est désormais sur la table lors de la réunion de politique monétaire du 8 septembre.
En Chine, les dirigeants optent pour la stratégie inverse en baissant les taux directeurs pour faire face au ralentissement économique du pays. En effet, les fortes restrictions liées au Covid continuent de peser sur l’activité industrielle et sur la consommation, conduisant à l’abaissement des perspectives de croissance de l’économie chinoise pour l’année.
Le choc énergétique continue de s’intensifier en Europe avec l’arrêt progressif des livraisons de gaz russe. Le risque de récession est sévère, notamment pour les pays les plus exposés tels que l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Alors que la Commission Européenne planche sur une réforme du marché européen de l’énergie, les gouvernements réfléchissent à des mesures de sobriété et incitent les citoyens et les entreprises à modérer leur consommation. Un rationnement potentiel des secteurs industriels à forte intensité énergétique pourrait avoir un impact négatif significatif sur la croissance. La violence du choc se traduit par les prix spot de l’électricité en France qui atteignent des pics records à plus de 700€ par mégawattheure (contre 75-100€ l’an dernier à la même époque). Des tensions sont également observées sur le pétrole avec l’OPEP qui a indiqué envisager des coupes de production, en réaction à l’accord probable entre l’Iran et les Etats-Unis pour remettre sur le marché la production pétrolière iranienne.
Sur le plan géopolitique, la visite à Taïwan de la présidente de la chambre des représentants américaine Nancy Pelosi a provoqué la colère de Pékin et a entrainé l’escalade des tensions entre la Chine, Taïwan et les Etats-Unis. L'armée chinoise a amorcé dans la foulée les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de l'île que le gouvernement chinois considère comme l'une de ses provinces. En Ukraine, le conflit s’enlise après 6 mois de combats. Les opérations militaires autour de la centrale de Zaporijjia inquiètent particulièrement avec un risque d’accident nucléaire.
Les places financières européennes terminent le mois en forte baisse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : -5,1%). Les secteurs privilégiés par les investisseurs ont été le secteur de l’énergie (+2,5%), soutenu par un cours du baril de pétrole à un niveau élevé, le secteur de l’assurance (+0,1%) porté notamment par une bonne publication d’AXA et le secteur des voyages et loisirs (+0,1%) qui profite d’une bonne saison estivale marquée par la reprise du tourisme international. En revanche, le secteur de la distribution non alimentaire (-12,9%) continue sa chute et demeure le secteur le moins performant depuis le début de l’année. Le secteur de l’immobilier (-11,4%) est fortement pénalisé par la remontée des taux d’intérêts. Le secteur des médias (-8,4%) sous-performe également. De fortes disparités sectorielles sont à prévoir d’ici la fin d’année en raison de la hausse du coût de l’énergie des potentielles restrictions qui pourraient être mises en place. Les entreprises européennes seront impactées de manière hétérogène ce qui pourrait contraindre certaines sociétés, notamment dans le secteur de l’industrie, à revoir à la baisse leurs perspectives lors des publications du troisième trimestre.
La bonne saison des publications des résultats semestriels amorcée en juillet s’est poursuivie en août, grâce notamment au secteur bancaire. Le Crédit Agricole (titre présent dans nos portefeuilles actions) enregistre des résultats qui ont dépassé les attentes des analystes, marqués par une activité record de la banque de financement et d’investissement qui a profité d’un environnement plus volatil sur le change, les taux et les matières premières. Dans le secteur de la construction et des concessions, Vinci (titre présent dans nos portefeuilles actions) revoit à la hausse ses prévisions annuelles après la publication de très bons résultats pour le premier semestre, portés par la reprise du trafic autoroutier et aéroportuaire. A l’inverse, la publication d’Adyen (titre absent de nos portefeuilles actions en raison des multiples de valorisation), dont la croissance de l’activité s’est révélée plus faible qu’attendu avec une pression temporaire sur les marges, a été fortement sanctionnée par les investisseurs (-11,5% sur le mois).