Revue des marchés du mois de Septembre 2022
Le mois de septembre a été marqué par une très forte volatilité des marchés financiers mondiaux, pénalisés par la conjugaison de facteurs défavorables : un environnement macroéconomique qui se dégrade, l’Europe qui subit de plein fouet la crise énergétique et la situation géopolitique avec la Russie qui demeure préoccupante. La poursuite du resserrement monétaire des principales banques centrales continue de peser sur la valorisation des actifs côtés et sur le moral des investisseurs. Ainsi les bourses européennes et américaines finissent le mois de septembre à leur plus bas niveau de l’année. Seule valeur refuge, le dollar, qui s’est très largement apprécié (+2,6% par rapport à l’euro sur le mois) pour atteindre et dépasser la parité avec l’euro, une première depuis 2002.
Conformément aux attentes, la Fed a poursuivi son resserrement monétaire en remontant de 75 points de base ses taux directeurs qui se situent désormais dans la fourchette 3-3,25%. Ce niveau est considéré par la Fed comme étant la fourchette basse d’un niveau restrictif pour l’économie, ce qui appelle à d’autres hausses de taux directeurs lors des prochaines réunions. Jerome Powell a réitéré sa volonté de combattre coûte que coûte l’inflation tant que celle-ci restera élevée. Il a concédé qu'une récession était possible, en particulier si la Fed devait continuer à resserrer ses taux de manière agressive, mais a estimé qu’une récession profonde pouvait être évitée.
Du côté de l’Europe, la BCE a décidé à l’unanimité et pour la première fois depuis son histoire, une hausse de 75 points de base de ses taux directeurs. Le taux sur les dépôts bancaires à la BCE, ramené de -0,5% à 0% en juillet, passe ainsi à 0,75%. Christine Lagarde a annoncé de nouvelles hausses de taux à venir afin de répondre à son mandat de lutte contre l’inflation, même si cela pénalise l’économie. L’objectif est de ramener les taux d’intérêts en territoire « neutre » d’ici la fin de l’année, avec un objectif d’inflation à moyen terme maintenu à 2%. L’inflation ne cesse de progresser avec des prix à la consommation dans la Zone Euro qui ont augmenté au rythme record de 9,1% sur un an en août. Selon Christine Lagarde, les risques inflationnistes sont toujours orientés à la hausse à court terme. La BCE anticipe désormais une inflation de 8,1% en 2022, de 5,5% en 2023 et de 2,4% en 2024 et une croissance revue à la baisse à 3,1% en 2022, 0,9% en 2023 et 1,9% en 2024. Un scénario qui pourrait cependant être revu à la baisse si la Russie venait à couper en totalité ses livraisons de gaz à l’Europe.
L’environnement macroéconomique a poursuivi sa dégradation au mois de septembre. La Banque de France a alerté sur un risque renforcé de récession cet hiver. Pour l’institution, la croissance du PIB français en 2023 devrait être comprise entre +0,8% pour le scénario le plus favorable et -0,5% pour le scénario défavorable dont les hypothèses concernant l’approvisionnement énergétique sont de plus en plus probables (croissance de +0,5% dans le scénario central). La première ministre française, Elisabeth Borne, a alerté quant au risque de coupures d’électricité cet hiver et a incité vivement les entreprises à arrêter immédiatement toute consommation non indispensable d’énergie. De son côté, la Commission Européenne a présenté deux mesures phares : la taxation des profits exceptionnels des entreprises pétrolières, gazières et charbonnières ainsi que le plafonnement temporaire des revenus des producteurs d’électricité. De plus, Ursula Von Der Leyen a abordé le sujet d’une réforme du marché de l’électricité pour que le prix ne soit plus fixé par la dernière unité de production mobilisée (le gaz dans la quasi-totalité des cas). La crise énergétique a d’ores et déjà fait vaciller le géant allemand du gaz Uniper, asphyxié par la fermeture de Nord Stream 1, et entrainé sa nationalisation. Une mesure nécessaire pour le gouvernement allemand afin de sécuriser les approvisionnements en gaz nationaux dont 40% sont assurés par Uniper.
La contexte géopolitique avec la Russie demeure tendu. Après la reprise par l’armée ukrainienne de 6000 km² de territoires occupés par les forces russes, le président russe Vladimir Poutine a annoncé par décret la mobilisation des réservistes et a officialisé l’annexion par référendums de quatre régions ukrainiennes. L’Union européenne a rejeté et condamné sans équivoque ces annexions qu’elle considère illégales. Enfin, des explosions sous-marines ayant endommagé les gazoducs Nord Stream 1 et 2 alimente les tensions. Les Etats-Unis et la Russie se rejettent la responsabilité de ce probable sabotage.
Sur le plan politique en Italie, la coalition de droite menée par Giorgia Meloni a remporté les élections parlementaires avec 43% des voix. Le parti d’extrême-droite Fratelli d'Italia a récolté environ 25% des suffrages. Alors que les perspectives économiques du pays se dégradent, l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite pourrait fragiliser la cohésion de l’Union et remettre en question le paiement des 146 milliards d’euros d’aides européennes allouées à l’Italie. Outre-Manche, l’annonce de la politique budgétaire de la nouvelle première ministre britannique Liz Truss (incluant notamment une baisse d’impôts pour les plus aisés) a provoqué un choc sur les marchés obligataires : la Banque d'Angleterre a dû intervenir en urgence pour freiner l’envolée des taux souverains britanniques et la chute de la livre sterling.
Le cours du baril de pétrole a poursuivi sa baisse en septembre, faisant réagir l’Opep et ses alliés, emmenés par l’Arabie Saoudite. Une première diminution de 100.000 barils par jour en octobre a été actée afin d’assurer un soutien au prix du baril qui souffre des craintes de ralentissement de l’économie mondiale. Le cartel craint une volatilité prolongée des cours générée par la dégradation du sentiment macroéconomique, le retour des confinements en Chine, ainsi qu’une possible levée de l’embargo sur le pétrole iranien. Une orientation qui s’est confirmée lors de la réunion du 5 octobre qui a aboutit sur la décision de réduire de 2 millions de barils ses quotas quotidiens pour le mois de novembre, ce qui dans les faits ne représente qu’une baisse de production d’environ 1 millions de barils par jour.
Les places financières européennes terminent le mois en forte baisse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : -5,5%). Les secteurs les moins impactés ont été les médias (-3,7%), les matières premières (-3,9%) et la chimie (-4,4%). En revanche, le secteur immobilier (-17,6%), vulnérable à la forte montée des taux d’intérêts, continue sa chute. Le secteur des télécommunications (-12,7%) et le secteur de la distribution non alimentaire (-9,7%), pire secteur depuis le début de l’année, sous-performent également. Les publications du troisième trimestre seront à surveiller avec de potentielles révisions à la baisse des prévisions de bénéfices en raison d’un contexte économique qui se dégrade et des pressions inflationnistes qui pourraient peser sur les marges.
Schneider Electric a lancé une OPA sur les 41% du capital d’Aveva (titre détenu dans nos OPCVM actions), spécialiste anglais des logiciels industriels, qu’il ne détenait pas au prix de 3100 pence par action, ce qui équivaut à une valeur d’entreprise de 10,2 milliards de livres sterling. Au total, le groupe français met plus de 4 milliards d'euros sur la table pour soutenir sa stratégie vers la numérisation de ses services, en particulier dans le secteur de l’énergie. Outre-Rhin, Volkswagen a lancé la plus grande IPO de l’année en introduisant Porsche sur la Bourse allemande au prix initial de 82,50 euros, valorisant le constructeur automobile à plus de 75 milliards d’euros. Un succès pour Volkswagen qui souhaite financer la transition de sa marque iconique vers l’électrique. Aux Etats-Unis, la publication des résultats de Nike a été décevante : l’équipementier sportif a fait état d’une très forte augmentation de ses stocks, d’inquiétudes quant à la dynamique de la demande et d’un impact négatif du renforcement du dollar qui le contraint à abaisser ses prévisions de marge. Le titre a été fortement sanctionné par le marché et a reculé de près de 22% sur le mois.