Revue des marchés du mois d'Octobre 2022
Le mois d’octobre a été marqué par un fort rebond des marchés financiers. Les investisseurs ont retrouvé de l’appétit pour le risque, portés par l’espoir de voir la Fed et la BCE freiner leur resserrement monétaire. Alors que les perspectives macroéconomiques ont été fortement revues à la baisse par les institutions financières, le risque de pénurie d’énergie en Europe semble écarté à court terme grâce notamment à des conditions météorologiques favorables qui ont permis un fort repli du prix du gaz.
La FED se dit toujours très préoccupée par la persistance de l'inflation et a estimé qu'un ralentissement du marché du travail américain serait nécessaire pour parvenir à stabiliser les prix. Bien que plusieurs membres de la Fed aient révisé en hausse leurs prévisions de taux, certains d'entre eux se veulent plus prudents et redoutent les effets du resserrement monétaire sur l'activité économique et la stabilité des marchés financiers. Des prises de position qui ont été accueillies favorablement par les investisseurs mais qui n’ont pas empêché la Fed de remonter ses taux de 75 points de base le 2 novembre.
En Europe, la BCE n’a pas surpris en relevant ses trois taux directeurs de 0,75%. Le taux de refinancement s’élève désormais à 2,0% et le taux de dépôt à 1,50%. Elle a confirmé dans son communiqué sa volonté de ramener sa politique monétaire en territoire neutre puis de continuer à relever ses taux d’intérêt directeurs si nécessaire. La BCE a répété que l'inflation reste beaucoup trop forte et demeurera supérieure à l'objectif pendant une période prolongée. Le sujet de la réduction de la taille de son bilan n'a pas été évoqué mais les conditions des opérations de refinancement TLTRO pour les banques ont été considérablement durcies.
Au Royaume-Uni, la première ministre britannique Liz Truss, après avoir inquiété les marchés avec ses plans de réduction d'impôts, a été contrainte de démissionner après seulement 44 jours en poste. Rishi Sunak, ancien ministre britannique des finances, lui a succédé. La Banque d'Angleterre a dû intervenir en urgence en début de mois pour freiner l’envolée des taux souverains britanniques et la chute de la livre sterling provoquée par l’annonce du programme économique de Liz Truss. La BoE est également intervenue en raison des difficultés des fonds de pension britanniques qui ont été frappés par des appels de marge sur les couvertures de leurs engagements long terme.
En Italie, la nouvelle Première ministre, Giorgia Meloni, a formé un gouvernement dont la composition reflète une volonté de continuité avec les engagements européens pris par son prédécesseur, Mario Draghi, ce qui a rassuré les marchés financiers. Giancarlo Giorgetti, ministre du développement économique dans le gouvernent précédent, a été désigné ministre de l’économie et des finances. Giorgia Meloni a déclaré face au Parlement qu’elle entendait mener une politique respectueuse des règles européennes tout en soutenant les ménages et les entreprises. La présentation à venir du budget pour 2023 sera particulièrement attendue car il devra répondre au défi de l’inflation, notamment des prix de l’énergie, tout en faisant preuve de prudence dans la gestion des finances publiques. Un rapport de confiance est nécessaire avec Bruxelles, l’Italie étant la première bénéficiaire du plan de relance européen.
A l’issue du Congrès du Parti communiste Xi Jinping a été reconduit pour un troisième mandat au poste de secrétaire général, ce qui lui a permis de resserrer son emprise sur le pouvoir. Le départ à la retraite de deux membres considérés comme modérés, Li Keqiang et Wang Yang, et l’exclusion en séance de l’ancien dirigeant, Hu Jintao, ont montré que la ligne dure du parti a pris le pouvoir. Les bourses asiatiques ont réagi très négativement à ces annonces politiques, en particulier les géants de la tech chinoise qui se sont effondrés en bourse, toujours plus vulnérables aux risques politiques. Concernant les perspectives économiques, le PIB du T3 a confirmé l’amélioration de l’activité, avec un rebond à +3,9% en glissement annuel, expliqué principalement par le rebond de l’activité industrielle tandis que la consommation reste pénalisée par la stratégie « zéro-Covid ».
Le mois d’octobre a été marqué par de nombreuses révisions à la baisse des perspectives macroéconomiques. Selon le FMI, la croissance mondiale devrait passer de +6% en 2021 à +3,2% en 2022 et à +2,7% en 2023 (-0,2 point de pourcentage de moins par rapport aux dernières prévisions de juillet). Il s’agit du profil de croissance le plus faible depuis 2001, si l’on excepte la crise financière mondiale de 2008 et le pic de la pandémie de COVID-19 de 2020. Un tiers des économies mondiales pourraient connaître une contraction en 2022 ou 2023. La Zone Euro sera la plus touchée avec une prévision de +0,5% pour 2023, avec des contractions de -0,3% pour l’Allemagne et -0,2% pour l’Italie.
Les places financières européennes terminent le mois en forte hausse (Euro STOXX 50 dividendes réinvestis : +9,1%). Les secteurs privilégiés par les investisseurs ont été le secteur des voyages et loisirs (+16,3%), soutenu des publications trimestrielles marquées par une très bonne saison estivale, le secteur pétrolier (+10,9%) et le secteur industriel (+10,6%). En revanche, le secteur agroalimentaire (-0,3%), seul secteur en territoire négatif sur le mois, enregistre la moins bonne performance. Le secteur des matières premières (+2,6%) et le secteur des télécommunications (+3,9%), sous-performent également le marché.
Du côté des entreprises européennes, la saison des résultats est de bonne facture. Le secteur du luxe demeure très dynamique : Hermès et LVMH (titres fortement pondérés dans nos portefeuilles actions) ont enregistré des performances très solides au troisième trimestre, avec une croissance organique du chiffre d’affaires de 19% pour LVMH et de 24% pour Hermès ce qui ressort largement au-dessus des attentes. Les ventes en Asie sont restées dynamiques pour les deux groupes et la reprise du tourisme international cet été ont été de forts contributeurs à la croissance sur le trimestre. Aux Etats-Unis, la saison des résultats est plus contrastée avec un net écart entre les valeurs technologiques du Nasdaq et les valeurs industrielles du Dow Jones. Les géants de la tech américaine, à l’exception d’Apple, ont publié des résultats inférieurs aux attentes : Microsoft, Alphabet, Amazon et Meta ont déçus les investisseurs et ont été sanctionnés en bourse. Meta Platforms enregistre de lourdes pertes dans le metaverse, et accuse une chute de son cours de bourse de plus de 70% depuis le début de l’année. La combinaison de la dégradation de l’environnement macroéconomique et des tensions inflationnistes met les marges 2023 des entreprises à risque, notamment celles dont le « pricing power » est faible.